TÉMOIGNAGES
Michel Draguet, Directeur du Musée des Beaux-Arts nous parle d’Isabelle :
« Isabelle Ravet n’appartient pas au débat d’un art moderne, postmoderne ou contemporain. Elle peint simplement. Elle peint. Simplement. Sans discours même s’il lui arrive de noircir des carnets de son écriture déliée pour mieux cerner qui elle est et pour comprendre ce qu’elle fait.
Elle n’a pas de théorie en dehors du plaisir. Plaisir de choisir des objets qui parlent à sa sensualité ; de les associer et de les composer en image ; de les agencer en leur insufflant une lumière qui sera leur âme ; de les peindre pour en rendre la densité unique. Elle est pleinement dans le présent et cette présence, elle la communique à ces images qui disent la volupté du beau, la générosité du bon.
La peinture d’Isabelle Ravet témoigne d’un sens aigu du plaisir lié à une forme d’ascèse contemplative. Regarder le monde – celui qu’elle choisit sans arrière-pensée politique ou sociale – équivaut pour elle à entrer en communion avec ce que le regard enlace et étreint : un marché aux puces sous le soleil parisien ; un paysage toscan dans la touffeur de l’été ; un tissu bayadère ou à motifs méditerranéens. Isabelle Ravet aime le monde qu’elle s’est choisi et à l’intérieur duquel cette contemplative évolue entre jouissance et émerveillement. Sa peinture fait du bien. Par sa douceur.
Par le tenu de son contenu. Par la plénitude des moyens mis en œuvre. La maîtrise n’est pas synonyme de prise de tête. Peintre, la jeune femme n’a cure des longs discours savamment articulés. Elle préfère la densité d’une matière. Son toucher sensuel. Il y de l’érotisme à peindre une figue ou un vase chinois. Un désir d’amour qui passe par un regard plus tactile qu’intellectuel.
Ce qui ne signifie pas que son travail soit sans réflexion. Au contraire. La durée même mise à donner à la technique sa plénitude s’accompagne d’une forme de pensée qui tient de la dérive et du rêve. La technique n’est pas une fin en soi, mais la condition nécessaire à s’approcher au plus près des choses. Celles-ci lui parlent. Qu’il s’agisse de tulipes qui au-delà du modèle hollandais témoignent à la fois la plénitude d’un regard et l’éphémère de la vie ou de ces fruits rouges qui expriment la jouissance de l’instant dès lors qu’il induit la plénitude d’une vie. Ailleurs ce seront des mangoustans ou des grenades aux formes parfaites qui évoquent l’exotisme et des voyages infinis menés entre songe et réalité. Un périple intérieur Qui est aussi synonyme de plénitude. Si Isabelle Ravet aime peindre des bols aux courbes pleines et chaleureuses, c’est précisément parce qu’elle aime leur simplicité qui renvoie à la vraie vie. Aux moments partagés en famille ou avec des amis. Aux petites choses du quotidien dont la banalité est synonyme de plénitude.
Héritages silencieux renvoie à cette modestie des choses qui contribue à en faire la saveur. À reconnaître la qualité d’un aliment simple comme le lui avait enseigné son père. À la subtilité d’un arrangement et au plaisir de mixer les choses entre elles comme elle l’a appris de sa mère. L’héritage est passage et ce passage transmission d’une connaissance. Il se fait silencieux pour mieux rendre compte de « l’âme des choses » qui relève du ténu… une modestie qui est sa marque et sa grandeur. Isabelle Ravet est l’indéfectible peintre de la représentation heureuse des choses de la vie. Ses toiles sont un hymne à la peinture. Un hymne à la vie dans l’émerveillement d’un regard qui s’embrase et s’enthousiasme pour un monde pluriel et généreux. Comme elle ! »