Frédéric Lapaige

TÉMOIGNAGES

Frédéric Lapaige, collectionneur

Depuis quelques mois maintenant, je suis devenu le dépositaire d’un temps long. De la patience et du travail dont tu auras fait preuve pour peindre les fleurs qui vivent aujourd’hui sur mes murs. La lenteur est une vertu, elle est l’une de tes sagesses. Tu m’as dit avoir eu ces fleurs en toi depuis bien longtemps ; trois tulipes qui n’apparaissaient pas encore sur la toile mais qui existaient déjà en formes dans ton imagination. Avant qu’au détour d’un champs tu ne les découvres et les cueilles. Elles viennent de là, de ces lieux où l’Homme et la Nature font encore bon ménage. Elles naissent en plein air, dans un endroit sans heure de pointe, sans autre file d’attente que celle du cycle des saisons. Par tes soins, par tes mains, ces simples tulipes sont aujourd’hui de petites œuvres d’art. Tu les as peintes par étapes puis baptisées du prénom de mes filles en leur prêtant les traits qui correspondent à leur caractère : la Mystique, la Sage et l’Enchanteresse. Les tulipes, Isabelle, sont comme ton art. Elles se reconnaissent par leur humilité et leurs contours précis. L’une et l’autre, vous ne cherchez ni à rivaliser, ni à concourir. Vous êtes tout simplement. Ton style pictural, le trompe-l’œil de chevalet, demande une facture très précise, une discipline dans l’exécution. Tu le dis parfois, il faut être un peu fou pour s’ancrer dans ce genre, pour en accepter ses exigences, la lenteur d’exécution. Quand je te vois travailler, quand je vois tes œuvres apparaître, j’admire ta douce folie.